Échange par skype (épisode 1)

Cette année je suis en train de tester un échange avec une classe en Espagne par skype.

À l’heure dite, les élèves des deux pays se voient en classe et peuvent se parler. Cela se fait avec des classes de Première (1° de bachillerato). Les heures de début et fin de cours ne correspondent pas entièrement mais on bricole.

Quelques remarques pour l’instant (l’année n’est pas finie)

Pour le matériel il faut une bonne webcam, avoir la même salle ou le même ordinateur avec skype installé, un vidéoprojecteur et des baffles. Il faut aussi un micro indépendant de la webcam sinon c’est tous les bruits de sa classe que la classe étrangère entend, ce qui brouille le message déjà difficile à comprendre pour elles et eux. Celle ou celui qui parle doit se mettre devant la webcam. Ensuite il faut s’armer de patience car on subit des coupures ou ralentissements dus au fait que nous ne sommes pas les seul.es utilisateurs et utilisatrices du net dans les deux établissements scolaires. Enfin faire signer une décharge de droits à l’image à tous les élèves.

Au niveau des thèmes abordés pour l’instant :

L’identité personnelle. Chaque élève est passé devant la webcam pour se présenter. Remarque : c’est pas un grand succès. Les élèves au début sont très intimidé.es ou nerveuses et nerveux mais il faut bien commencer de toute façon.

L’identité collective. Chaque classe a fait une vidéo (par groupe) sur le pays, la région, le département, la ville, le lycée, la classe, soit 6 vidéos différentes et donc 6 groupes. On les a envoyées dans l’autre pays qui les a regardées en cours et en a tirées des questions qu’elles et ils ont posées la fois suivante. Au début je les ai un peu orienté vers l’impensable culturel (bilinguisme des galicien.nes, temps ressemblant à celui de la Bretagne, l’océan glacé, etc.)

Un peu de liberté. Pendant une séance et à chaque fois maintenant est laissée la liberté de poser les questions qu’elles et ils veulent. En tant qu’adulte on retient son souffle mais finalement jusqu’à présent il n’y a pas eu de catastrophe.

La prochaine fois

– mes élèves racontent leur sortie scolaire de 2 jours à Paris avec l’aide de photos.

– Les élèves de chaque pays doivent également parler de l’organisation de leur année scolaire car nous n’avons pas les mêmes vacances et cela a créé des jalousies de part et d’autre des Pyrénées. Nos jeunes ne sont pas mieux que les adultes…

– Les élèves de chaque pays doivent sélectionner 5 chansons dans leur langue maternelle à faire découvrir aux élèves étrangers. Il faut 5 chansons actuelles et qui font consensus.

Pour l’instant nous avons fonctionné un coup (une heure) en français pour tout le monde. La fois suivante en espagnol pour tout le monde. La prochaine nous essaierons de lâcher un peu la bride.

Mes premières constatations (très partielles) :

– les un.es et les autres ont été très sensibles à ce que les étranger.es ne les enferment pas dans un cliché et ce dès le départ.

– les élèves sont excité.es comme des puces. Le pire pour un.e élève devient le fait de ne pas assister au cours ou à un cours de préparation. Cela en a calmé plus d’un.e

– le plus gros du boulot est fait en dehors du cours et sans rechigner. Pour les vidéos ils et elles ont réalisé entièrement sans aide du prof. Le scénario vait été travaillé en gros avant par écrit.

– les premières fois j’étais très présent pour répondre aux questions de langues ou culturelles, en direct ou en préparation. Par la suite de moins en moins. Elles et ils aprennent à se débrouiller, à ne pas comprendre sans paniquer, à demander des précisions sans se laisser envahir par l’envie d’en finir au plus vite et de fuir.

– j’ai laissé les élèves se tromper culturellement. Par exemple ils et elles demandaient si les correspondant.es connaissaient le film « Les Bronzés font du ski » ou des chanteurs et chanteuses bien français.es ou le fromage Maroille. Idem de l’autre côté (¡el centollo !)

– petit à petit des relations de confiance s’établissent car on reconnaît les autres, leur prénom, leur visage, etc. et on commence à s’interpeller par son prénom. L’Autre devient humain.

– ça fait sauter un cours sur les deux hebdomadaires. Mais il y a un retour sur investissement car j’ai noté une attention soutenue à la prononciation en espagnol (le fait de voir les étranger.es prononcer mal sa propre langue?). J’ai noté aussi que les élèves les plus en difficulté ou les plus coincé.es raccrochent aux apprentissages. Enfin ils et elles commencent à percevoir que quand on étudie un document, le but n’est pas de trouver la bonne réponse (1+1=?) mais de parler en espagnol et qu’on peut le faire en s’aidant de ce que disent les autres (les autres élèves, le document, la/le prof.e.)

Pour la suite :

On va voir ce qu’on va faire avec la page facebook qu’a créé la collègue espagnole

(et la suite au prochain épisode)